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 truc truc rangement

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Jase Romero
Jase Romero

membre | intitulé du rang.
Messages : 33
Date d'inscription : 10/05/2017
MessageSujet: truc truc rangement   truc truc rangement EmptyMer 10 Mai - 21:34

Citation :
nom complet : romero, c'est le nom qui n'signifie rien, probablement. celui qui ne restera pas dans les mémoires et n'l'a jamais été. y'a pas de grande tour de marbre érigée au centre de la ville avec son patronyme dessus, juste une tombe déjà ancienne dans un cimetière, et une famille précaire. jase n'en est qu'un représentant; ironiquement, le seul mâle désormais, un héritage duquel il n'sait pas quoi faire. alias : kedalle- il n'est pas c'genre de personne là, il fait partie de la masse anonyme de gens qui s'décarcassent sans gadget et sans super pouvoirs. certains semblent juger que c'est une ironie complète, qu'il soit encore vivant dans ces conditions là. âge : trente et un ans et c'est amusant comme à gotham, fêter son anniversaire n'est pas quelque-chose de mal. date et lieu de naissance : il est né un douze novembre, dans ce trou de l'enfer qu'est gotham; il pourrait envier ceux qui y trouvent succès, richesse et sécurité. ça n'a jamais été son cas à lui. lieu d'habitation : gotham; les chiens errants ne quittent jamais vraiment le lieu qui les a toujours accueillis. métier : il est flic, le genre de ceux qui n'ont jamais été bernés par comment les choses fonctionnaient; une leçon qu'il a brutalement apprise, marquant au fer rouge les marques de sa détermination et de sa rancoeur tout autant. il sait qu'il n'fait probablement aucune différence, à gotham, jase, mais il veut bien croire que c'est le sens qu'il a voulu donner à sa vie. identité : allez savoir, il n'est pas un super héros duquel on parle à chaque page de journal... c'est déjà ça. mais y'a déjà assez d'mauvaises personnes qui le connaissent. affiliation : tina; point barre. avatar : bob morley, freckless rpz. crédits : @my love (avatar), tumblr (gifs).

imprévisible ; loyal ; colérique ; protecteur
blasé ; désintéressé ; intrépide ; méthodique

Citation :
(001), il n'alimente pas les espoirs, jase - c'est un pragmatique, forcé par son esprit à vivre au jour le jour, à grappiller des moments simples qui finissent pas être suivis d'une foule de conséquences. l'espoir, c'est sûrement la mort de la productivité, de l'effort, de l'endurance; s'il n'est pas du genre à parier sur une bonne étoile généreuse, un destin tout tracé qui finira sûrement par avoir un sens, au moins, jase il croit en lui-même, et en chaque goutte de sueur qu'il perd dans ses efforts. (002), il n'en a pas l'air, comme ça, mais jase est généreux dans ses affections, doux, malgré les callosités sur ses mains, l'épuisement au fond de ses prunelles. il arrive toujours à forcer un sourire, au moins sardonique sur son visage pour sauver les apparences. il a grandi aimé, idolâtré, couvé dans la mesure du possible, et ça lui permet au moins aujourd'hui de conserver pour ceux à qui il tient, une douceur mielleuse au bout de ses doigts, ou brûlant dans ses prunelles. il est c'genre de personne qui n'sait pas nécessairement dire les mots, il n'est pas un poète ou un grand loquace, mais il sait que les preuves sont là, débordant par les pores de sa peau comme la chose la plus naturelle qui soit, quand ça compte. (003), il dit volontiers qu'à gotham, on n'peut pas pioncer la nuit sans avaler au moins un verre de whisky avant; jase n'est pas un alcoolique, il n'est pas en perdition, mais il a sa bouteille dans un coin de la pièce, et il a toujours un verre au fond duquel il fait luire quelques gorgées dorées d'un alcool salvateur; gotham n'est pas la ville où il fait bon vivre, et la vie qu'il a choisie lui d'mande bien des choix compliqués, alors un verre d'temps en temps, ça n'tue personne, et au moins il n'a pas besoin d'prendre des somnifères. (004), il est de ces drogués très occasionnels encore; à l'alcool s'ajoute la cigarette notoire, le café noir et sans sucre, ce jus de chaussette qu'on sert au commissariat, et qu'il fait au moins un peu mieux quand il est chez lui. le café, la clope, c'est indispensable quand on bosse de nuit, quand on retourne papier après papier, preuve après preuve; quand on lutte contre des hydres invisibles, des démons dans le noir, ou qu'on essaye d'sauver des causes perdues. chaque victoire est une drogue aussi, sans doute, et jase n'sait pas laquelle lui est le plus indispensable. (005), tina, c'est sa fille; il aurait préféré n'jamais devenir père, sans doute, n'jamais amener un enfant dans ce monde où il n'voyait à l'époque que désolation. mais tina est là maintenant, et il voue chaque jour de son existence à elle - elle est son centre de gravité, l'énergie qui fait pulser son cœur d'un air vaillant, au moins un peu. elle a cinq ans, et elle lui semble précoce comme une mini-einstein, qu'il dirait, lui. sûrement l'opinion biaisée d'un parent, mais tout c'qui importe, c'est que pour lui, elle soit vitale et irremplaçable, l'univers tout entier, comme si avant qu'il n'pose les yeux sur elle, il n'avait jamais été vraiment vivant. (006), l'amour, jase s'dit que c'est compliqué et épuisant. sa dernière histoire, vraie, brutale, blessante et salvatrice, elle date sûrement d'il y a sept ans maintenant, et parfois il jurerait qu'il en porte encore les cicatrices douloureuses. tina, elle ressemble à sa mère, parfois; pourtant, elle a des yeux noirs, des cheveux bouclés, des tâches de rousseurs comme un firmament sur ses joues. elle a même le sourire d'sa mère à lui, il dirait. et il n'sait pas pourquoi d'toute manière, y devrait y avoir une part morte dans son cœur avec cette histoire: c'qui est sûr, c'est que l'reste n'a jamais duré, qu'il a brisé l'reste en un rien de temps, parce qu'il est plutôt doué pour ça. choisir les mots qui blessent, foutre en l'air sa propre vie, s'dire même qu'au fond, le bonheur est une putain de chimère à gotham. pourtant, il connait le poids de la solitude; il s'réveille tous les jours dans un lit où personne n'a occupé la moindre place depuis belle lurette. il mange seul le soir tard, il ne s'prépare un café que pour lui-même; y doit bien y avoir une logique physique quelque part, qui dit que d'toute manière, on ne peut pas tout compiler en une vie. (007), jase a l'allure d'une eau dormante; il a la patience et la froideur nécessaires pour mener des interrogatoires, affronter de plein fouet les criminels les plus tenaces et les plus chiants de gotham. bien souvent, il doit d'toute manière vivre avec le fait qu'ils sortiront bien assez tôt de taule - trop tôt. quand il s'énerve, on ne l'voit pas venir; probablement une lueur discrète dans ses yeux qui change, un frisson parcourant son visage de marbre. il a une façon d'être patient, de n'pas prévenir quand il frappe. mais au fond du fond, il a le sang chaud d'une créature qui a la rage au ventre. peut-être parce qu'il est frustré, impuissant, rancunier. peut-être parce qu'il est paumé, la plupart du temps. (008), avec sa famille, il a parfois l'allure d'un tout autre type; patient, affectueux, attentif, empathique - il est le frère ainé qui a toujours écouté ses sœurs, le spectateur au premier rang, de la tempête qui a littéralement pris sa famille de front, avant que sa mère, brave comme elle est, n'arrive à sauver les choses. il l'admire, sa mère; à ses yeux, elle est probablement la femme la plus brave et tenace du monde. jase, il a toujours su que les super-héros n'avaient pas besoin d'porter des jupettes ou des masques, il a été élevé parmi ceux-ci, ces gens normaux qui survivent. et il espère, au fond, que quoique ce soit qui existe de lui dans la tête de sa fille, ce soit quelque-chose d'à peu près héroïque. (009), par la force des choses, sûrement plus que par envie, il est un amateur de bouffe de merde; sa fille est élevée aux céréales, aux macaronis au fromage, aux plats du chinois du coin. heureusement, la gamine va chez sa grand-mère parfois, et a le droit à quelques bonnes choses. il n'irait pas loin encore aujourd'hui sans sa famille, jase, et c'est bien la seule chose dont il est sûr. sa vie est un chemin qui se coud et se découd au jour le jour; il n'est pas forcément ponctuel, pas forcément bien sapé, pas forcément bien dans ses pompes. il fait avec c'qu'il a, c'qu'il est, chaque brique d'expérience qui constitue le mur de sa vie... quant à savoir s'il fait les bons choix, sûrement qu'il ne l'saura qu'au moment de sa mort. (010), il n'est pas con jase. lui, il dirait que sa principale qualité, c'est de savoir lire les gens, sonder les faciès et les masques de tous ceux qui l'entourent et les sales types qui se confrontent à lui, au commissariat. il marche au feeling, et généralement, ses premières impressions sont les bonnes. pourtant, d'autres pourraient dire qu'il aurait pu être brillant, qu'il aurait pu aiguiser son esprit avec de grandes études, avoir un job où il gagnerait trois fois plus au moins, et qui lui aurait même permis de quitter gotham. pour tina. parfois, c'est l'argument qui lui tord les entrailles: gotham reste sa maison, aussi damnée la ville semble-t-elle être. y'a sa famille, ici, y'a les souvenirs, y'a le trottoir devant sa maison sur lequel son père est mort, défendant cette cause que tout le monde jure perdue. peut-être est-ce ça, la clé du mystère; il est plus tenace qu'intelligent.

Citation :
Jase, il est flic... juste flic, rien de trop clinquant, pas d'quoi faire de lui le roi de la ville. Un héritage qu'il porte dans ses veines, bat avec son cœur: est-c'que ça marche comme ça? Peut-être est-ce vengeance, peut-être est-ce un vieux traumatisme poussiéreux: il est le second Romero à vouer sa vie à ce commissariat, cette cause perdue, la ville de Gotham qui n'cesse de se retourner contre ses citoyens honnêtes. Jase, on dit souvent qu'il est comme son père, un officier qui n'avait jamais gravi les échelons, et dont bien peu d'gens se souviennent. Lui, il s'en souvient, un principe qui motive chaque jour, galvanise sa volonté malgré les échecs, les complications, l'épuisement.

Ce serait bien facile - trop facile, même - de balancer la responsabilité de tout ce qui se passe à Gotham, sur ces créatures de la nuit desquelles on ne connait pas grand-chose. Mais Jase, il est bien placé pour savoir que le crime existait à Gotham avant que Batman n'sorte de sa tanière pour protéger les innocents. L'amertume froide que le jeune homme ressent pour la vie, les responsabilités, la réalité, le pousserait probablement à croire qu'y'a des monstres dans la nuit qui n'existeraient pas sans l'homme chauve-souris; y'a des fois où ça rendrait son job plus facile, de voir les choses d'une façon si dichotomique. Mais est-c'que ça n'prouverait pas, alors, que les gens comme lui sont inutiles, juste des pions bons à être sacrifiés, ou utilisés selon les circonstances? Il n'veut pas se croire comme ça, lui; il se targue au moins de n'pas avoir besoin de se planquer derrière un masque, de savoir c'que sa conscience exige de lui, et les décisions compliquées qu'il prend en conséquence. Gotham était pourrie avant que les justiciers masqués ne s'mettent à faire régner leur loi; mais la ville n'est pas plus sure grâce à eux, ça, c'est une évidence.

la loi est le livre selon lequel il a toujours vécu; Jase n'a jamais été un criminel, ni un gros magnat du crime, ni même un petit voleur embarquant une barre de chocolat dans une épicerie. On lui a appris que la loi, c'était ce qui importait: il se souvient encore du badge luisant de son père - cette dévotion à cette loi est ce qui a coûté la vie à son patriarche, c'est aussi ce qui a donné un sens à tout le chagrin qui a suivi cette perte. Jase, il aurait pu jurer que jamais il n'perdrait son chemin vis à vis de la loi: il a toujours foi en ça au moins, dans un monde qui part en vrilles. Il s'est pourtant paumé à plus d'une reprise, il a dangereusement dansé avec des extrêmes qu'il ne maîtrisait pas. Et maintenant, il en subit les conséquences, sans pour autant savoir c'que la loi peut faire pour l'aider. Elle lui devrait bien ça, au moins, pourtant.
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Jase Romero
Jase Romero

membre | intitulé du rang.
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MessageSujet: Re: truc truc rangement   truc truc rangement EmptyMer 10 Mai - 21:35

Citation :
JASE, HUIT ANS | GOTHAM ✸ Jase ne voulait pas ouvrir les yeux. Il entendait les bruits autour de lui, lointains – pas assez lointains, se disait-il ; il aurait volontiers abandonné la réalité, même à son âge. Son monde de rêves était encore totalement idéaliste, mais le petit garçon aurait voulu se perdre là-dedans comme dans un océan, quoiqu’il en soit. Mais même sur le voile de ses paupières, c’était les cauchemars qui continuaient de le pourchasser : un démon sans visage, apparaissant dans la rue comme s’il était né de l’air lui-même, sortant un flingue de nulle part. Et le sang. Etait-ce l’odeur du sang, le goût du sang, l’aspect pâteux de celui-ci, dont il se souvenait le plus ? « Jase. Baby… » dans les ténèbres de ses propres songes, la voix d’un ange l’atteignit, la caresse d’une main se déposant sur sa joue, familière, synonyme de ses meilleurs souvenirs. Il saisit pourtant surtout la voix de sa mère, quelque-chose qui avait l’allure d’une supplication, ou peut-être juste le murmure d’une affection sans borne. L’hôpital autour d’eux semblait bourdonner comme une ruche, mais chaque battement de cœur du petit garçon semblait se répercuter dans la personne qui était juste là : sa mère, qui laissa ses doigts doucement fourrager ses cheveux noirs, triturant ses boucles, replaçant celles-ci derrière son oreille. « Ça va aller. Tu peux ouvrir les yeux. » ça n’irait pas, hurlaient volontiers ses tripes pourtant, alors que le petit brun serrait ses lèvres pour retenir un cri d’injustice. Son père n’était plus là ; son père s’était fait exploser la cervelle par un connard dans la rue, juste sous son nez, et rien qu’à ce qu’il entendait, Jase, de ses huit ans, savait déjà que sa mère se devait de ravaler ses larmes, ses propres émois – tout le chagrin, tous les regrets, tous les moments qui avaient existé, ceux qui n’existeront jamais, maintenant. Lorsque Jase fut assez brave pour ouvrir les yeux, il fut accueilli par les prunelles les plus aimantes qui soient : comment l’âme humaine pouvait survivre face à tant de douleurs, tant de réalités désastreuses ? Comment sa mère était-elle capable de le regarder avec tant d’amour, alors que son cœur avait probablement été arraché de sa poitrine, au moment où elle avait entendu le coup de feu depuis la rue ? Quelques vingt-quatre ans plus tard, Jase n’avait probablement toujours pas la réponse. Il semblait que c’était juste ce qu’elle était.

JASE, VINGT-SEPT ANS | GOTHAM ✸ Ça faisait des jours, maintenant, qu’il essayait d’gérer : cette comme concilier deux parts de vie qui semblaient avoir chacune un arôme tout différent. Et Jase ne savait pas encore, s’il devait continuer de compter le temps qui passait, quantifier les minutes, chercher une qualité quelconque aux instants qui éveillaient dans son cœur, un peu plus de sentiments dont il n’avait jamais soupçonné l’existence, avant. Maintenant, il se demandait ce qui arriverait d’ici quelques heures, ou le lendemain, ou à chaque seconde qui passait : il n’avait pas la prétention de s’débrouiller, mais est-c’que Delilah allait venir frapper à sa porte à nouveau, pour reprendre le bébé ? Peut-être que ce serait normal ; à près de sept mois, Tina le regardait comme un inconnu, et elle avait passé les premiers jours à pleurer, pleurer, pleurer, et à réclamer sans le savoir une mère qui l’avait abandonnée, sans se retourner, sans explication, sans un regard. Pour c’qu’il aurait pu dire autrefois, Jase aurait juré qu’il n’était pas fait pour ça – pour partager sa vie avec un enfant, qui était manifestement le sien… ça, il n’arrivait pas à en douter, peu importait l’ardeur avec laquelle il dévisageait ce bébé inconnu. Il n’avait pas su que Delilah était enceinte quand elle était partie – selon ses dires, elle n’l’avait pas su elle non plus ; le brun s’en foutait bien, de c’qu’elle pouvait dire, elle, pour se donner des allures humaines et doucereuses, il n’la croyait pas, il n’la croirait sans doute jamais. Il pourrait jurer, alors, que c’était mieux comme ça ; mieux que Tina soit là avec lui, même si c’était compliqué, même si ç’avait été sans crier gare, et qu’il avait toujours été un peu égoïste, à n’vivre que pour lui-même, au jour le jour, sans espérer plus que c’qu’il arrivait à créer ou à obtenir de ses dix doigts. Il d’vait faire mieux, maintenant ; s’arranger au moins pour que ça puisse marcher : un serment qui se scellait de lui-même dès qu’il prenait sa fille dans ses bras. Maintenant, au moins, la petite le regardait avec moins d’animosité, d’une froideur innocente et pernicieuse qui lui rappelait qu’il n’avait pas été là. Comment aurait-il pu être là, s’il n’avait pas su ? Jase pourrait répéter cette question à haute voix que ça n’y changerait rien ; Tina était la victime, là, comme lui ; et Delilah était partie sans s’préoccuper des vies qu’elle bouleversait, des cœurs qu’elle brisait, du carnage qu’elle laissait dans son sillage. C’était après tout, ce qui battait dans ses veines à elle ; l’héritage qui allait avec le nom qu’elle portait, chaque regard impérieux qu’elle posait sur le monde. Maintenant qu’il avait découvert son vrai visage, Jase n’arrivait plus à voir qui que ce soit d’autre que le démon qu’il avait laissé entrer dans sa vie : c’était compliqué, alors, de s’dire qu’à eux deux, ils avaient pu créer un être aussi innocent que le bébé qui avait tant besoin de lui, tous les jours.

JASE, TRENTE ANS | GOTHAM ✸ « Ça va aller, vous êtes libre maintenant. » de ses mains, il enserra les épaules frêles de la jeune femme – il aurait pu jurer la sentir frissonner tout contre lui ; peut-être que des mois entiers sans le moindre contact humain demandait un temps d’adaptation. Mais la blonde se raccrochait à lui comme à une minuscule lumière dans le noir, et Jase, il n’pouvait pas prétendre ne pas en faire de même. Maintenant qu’il avait enfin Margareth Barnett juste là, il n’allait certainement pas la laisser se volatiliser. Techniquement, froidement, il aurait pu dire qu’il s’était tellement casser le cul sur cette enquête qu’il n’avait pas envie de se taper toute la paperasse pour rien. Au-delà des apparences, chaque regard qu’il attardait sur elle, chaque attention douce qui semblait ranimer l’âme de l’inconnue, semblait faire écho à tout ce boulot, toute cette énergie déversée, ce temps consommé. Il n’avait pas fait tout ça pour rien. Il n’était pas entré dans ces caves sombres pour y découvrir des amoncellements de cadavres, une jeune fille de vingt-six ans, morte depuis des mois et des mois. Elle avait survécu, et oui, pour elle, le calvaire était enfin fini – il ferait en sorte que ce soit le cas. Certains des coupables présumés s’étaient échappés, et probablement y avait-il tout un tas de connexions qu’il avait faites dans un coin de sa tête, mais qui demanderaient à être prouvées. Y’allait y avoir un procès, une enquête plus poussée, et d’une certaine façon, Margareth allait se retrouver sur le devant de la scène : la fille enfin retrouvée, une miraculée, une bonne nouvelle dans une ville comme Gotham. Pourtant, elle semblait déjà épuisée, elle semblait encore faible, fragile ; et l’instinct de la protéger coûte que coûte, colla à la peau du flic jusqu’à ce qu’ils arrivent à l’extérieur. Il y avait, dehors, une ambulance, d’autres voitures de police, un brancard sur lequel la jeune femme pourrait être embarquée en urgence pour peu à peu commencer sa réhabilitation, au monde qui ne l’avait pas oubliée. Il ne l’avait pas oubliée, lui ; on avait souvent joué des coudes pour qu’il change d’enquête, on lui avait souvent dit que c’était une cause perdue, que Margareth Barnett s’était probablement cassée, ou qu’elle avait été impliquée dans une histoire pas très clean qui lui avait coûté la vie – et tant pis, à Gotham, c’était quelque-chose qui arrivait fréquemment. Les instincts du policier l’avaient pourchassé où qu’il aille, quoiqu’il fasse : quand il avait regardé Tina, il s’était demandé c’qu’il ferait, lui, si elle devait disparaître. Quand il avait été à son bureau, à se battre contre du vent, et pour rien du tout, la photographie de la disparue n’avait eu de cesse d’attirer son regard. Et tout ça n’avait pas été vain ; il le savait plus que jamais, maintenant que ses doigts tenaient fermement ceux de la jeune femme, comme s’il n’était pas prêt de la laisser sortir de son champ de vision à nouveau.

JASE, TRENTE-ET-UN ANS | GOTHAM ✸ « Je veux voir Tina. » le ton ne semblait pas vouloir laisser la moindre place au choix, à l’improvisation, ou à une discussion quelle qu’elle soit. L’ironie fit ricaner Jase ; voilà que Delilah était de retour, assise dans sa cuisine comme si elle possédait le monde, ses yeux clairs vagabondant ici et là, comme si elle s’attendait à voir sa fille sortir de nulle part pour lui sauter dans les bras. « Elle est pas là. » qu’il dit simplement, défiant dans ses prunelles, jusqu’au tranchant de sa voix ; le Romero n’cédait pas aux menaces, il n’se laissait pas impressionner par un spectre du passé qui surgissait soudainement en croyant que rien n’avait changé. « Oh. Elle est chez ta mère ? Toujours à la même adresse ? » ils avaient l’allure de deux adversaires qui posaient leurs cartes l’un face à l’autre ; mais Jase reconnut la menace – et au moment de croiser les iris de sa vis-à-vis, il ne put que serrer les dents. Qu’est-c’qu’il pouvait faire, qu’est-c’qu’il pouvait dire ? A toute vitesse dans son esprit, tournaient des rouages emportés par une inquiétude qu’il essayait, essayait de n’pas montrer. Par précaution, plus que par orgueil, maintenant. Ce serait si facile, d’attraper un couteau et de le lui planter dans la jugulaire, là tout de suite : une action impulsive qui semblait rattraper de nombreuses âmes à Gotham, et l’acte du brun n’serait pas le pire qui soit, dans cette ville. Mais Delilah était en position de force, là, alors même qu’elle était dans son appartement à lui ; et elle le savait. Elle le savait, elle en jubilait, jusque dans chaque frisson d’expression qui glissait sur son faciès. « Juste parce que t’as kidnappé ma fille pendant presque un an sans rien m’dire de son existence avant de la larguer devant ma porte, ça n’veut pas dire que t’as l’droit de revenir quand tu veux. » et lui, il essayait de garder un ton neutre, comme une corde stable à laquelle il essayait de se raccrocher : Jase allait avoir besoin de toute sa patience pour au moins garder la face, pendant que la femme face à lui, elle, elle pouvait s’en donner à cœur joie. Avec ces sourires, ces regards entendus, léchant son être comme des lames s’enfonçant sous sa peau. Elle ne répondit rien, Delilah, pendant un long moment, et pourtant, le flic savait qu’elle n’avait pas besoin de chercher ses mots – malheureusement, le jeu était biaisé, et il était le perdant. « Tu sais très bien que n’importe quel juge à qui je croiserais le chemin penserait le contraire. Et peut-être même que j’arriverais à faire mieux que ça. Et définitivement sortir ma fille du trou piteux dans lequel tu la fais vivre. » c’en était trop pour Jase ; trop, pour qu’il se sente encore la possibilité de respirer – non, Delilah marquait trop de points depuis qu’elle s’était forcée un passage au-delà du seuil de son appartement. Et Jase n’en pouvait plus ; sûrement est-ce pour ça, à cause de sentiments on ne peut plus humains, que sa poigne se referma autour du col de la veste de Delilah, alors qu’en une fraction de seconde, elle se retrouvait à heurter de plein fouet le mur juste derrière elle. Ce ne fut pourtant pas la surprise qu’il lit dans les yeux de la créature de ses cauchemars ; pas la peur non plus – quelque-chose de beaucoup plus vicieux… il aurait juré qu’on pourrait appeler ça, l’arôme de la victoire. « Essaye pour voir ! » et ses yeux noirs avaient beau être révulsés par la haine, l’emprise de ses doigts avait beau être si serrée que les jointures de ses mains blanchirent, Jase faisait face à une Delilah qui n’était pas impressionnée. Une Delilah qui avait décidé de se forcer un chemin jusque dans sa vie à nouveau, jusque dans la vie de Tina, qui méritait mieux que ça ; et il n’pouvait rien faire, rien faire se disait-il, contre tout ça. « Voyons Jase. Les gens comme toi n’sont que des pions dans cette ville. Tu devrais vouloir c’qu’il y a de mieux pour ta fille. Et c’n’est pas toi. » c’n’était pas elle non plus, qu’il lui cracherait volontiers en pleine face ; le silence fut pourtant maître, avant que la jeune femme n’enroule ses doigts autour du poignet du brun, pour lui faire lâcher prise. Sûrement attendait-elle une réponse, elle aussi, une réplique cinglante et brûlante ; il n’en fit rien, ses yeux fondant vers le vide, ses mâchoires se pressant l’une contre l’autre avec force. « On dirait que j’ai touché une corde sensible. » qu’elle lâcha avec véhémence en se raclant la gorge d’un ricanement ; Delilah était incapable de faire preuve d’empathie, ou de lire l’âme des autres. Il avait été con, vraiment con d’croire à l’époque, que l’amour qu’il avait eu pour elle avait été un tant soit peu réciproque – il n’avait été qu’un pion, ouais ; il l’avait été pour elle. Et il l’était aussi sûrement pour Maggie. « Ouh, est-c’que c’est la lueur d’un secret bien noir, que je vois briller dans ton regard ? » et pourtant, elles étaient si douées pour transpercer son être, et étaler ce qu’il était aux yeux de tous ; il était vraiment un pion, assez con aussi pour s’prêter au jeu, et s’faire prendre et prendre encore dans la même machination. « Dégage de chez moi. » il rétorqua, la poussant vers la porte sans la moindre précaution ; elle avait beau être une fille d’bon mafieux riche et influent, elle avait beau avoir cette allure moqueuse dans ses yeux, à la commissure de ses lèvres, elle restait bien frêle – assez pour qu’il puisse la jeter hors de chez lui, claquant la porte juste derrière elle. Et là demeurait, sa dernière illusion de sécurité, sans doute.

JASE, TRENTE-ET-UN ANS | GOTHAM ✸ « Papaaaaaaa ! » il aimait la façon naturelle et spontanée avec laquelle Tina bondissait vers lui, abandonnant tout ce qu’elle faisait jusque-là, pour sauter dans ses bras. Il aimait tout de suite oublier l’univers tout entier, en refermant son étreinte autour de sa fille, la soulevant de terre comme si elle pesait un rien. « Hey, baby. » qu’il murmura au creux du cou de sa fille, avant de la couvrir de bisous ; sur les joues, sur le front, sur le nez, jusqu’à la faire rire aux éclats. « Jase. Je croyais que tu devais travailler, cette nuit. » le bonheur tout simple de juste être avec Tina, s’envola dès qu’il dut dévisager sa mère : il n’était pas censé mentir, il n’savait pas mentir, et il haïssait mentir. Surtout à sa famille. Mais mentir avait été indispensable pour protéger Maggie, pour garder son secret en continuant de l’aider : il avait cru que ça servirait à quelque-chose. Quelque-chose de bien, au moins. Il avait eu tort. Et l’instant de flottement qui glissa sur son visage fut sans doute aussi traitre que le fait qu’il manquait de mots. « Non. Je travaille pas, ce soir. » et il n’mentirait plus. Depuis des semaines maintenant, il prétendait à sa mère, à ses sœurs, avoir pris des heures en plus pour gagner plus : Tina passait de nombreuses nuits ici, plutôt que chez eux. Et tout ça pour quoi ? Pour que Maggie court à travers les rues en tuant des innocents sous sa protection à lui ?! Il n’pouvait pas continuer comme ça. Pas avec Delilah sur son dos. Pas avec Tina, qui n’pourrait pas vivre avec sa mère, qui n’serait pas sauve s’il devait finir en taule pour des crimes qui n’étaient pas les siens. Non, la fameuse femme qu’il avait en face de lui, celle qui l’avait aimé, élevé, aidé d’aussi loin qu’il s’en souvienne, elle n’aurait pas voulu qu’il devienne ça. Sans doute que ce simple fait suffisait à expliquer la honte qui serrait ses entrailles dans un étau, dès qu’il la regardait, là maintenant. « C’est compliqué, ‘Ma, okay ? J’sais que j’t’en demande trop. J’ai décidé d’retourner à… comme avant. » plus de Maggie. Non. Il n’pouvait plus vivre comme ça. Il n’pouvait pas devenir ça. Et peut-être qu’un jour, il aurait assez de courage pour affronter les conséquences de ses actes, et parler à sa mère comme de ces vérités douloureuses ; pour l’heure, il tourna à nouveau son visage vers Tina, le sourire revenant se dessiner sur ses lèvres. « Hein, tu veux que j’sois là plus souvent ? On va pouvoir reprendre nos mardi pizza. » et heureusement, pour lui, pour sa mère, pour n’importe qui, comme un rayon de soleil, le bonheur de Tina suffisait à éclipser les préoccupations de chacun. Quand elle vint se blottir contre lui, enroulant son cou de ses bras tout fins, Jase souffla enfin. Il avait juste eu besoin de se souvenir d’pourquoi il croyait en la loi, pourquoi il avait toujours voulu être droit dans ses bottes : bien trop tôt, il n’pourrait plus enlacer sa fille comme s’il était le seul endroit sauf pour elle, s’il devait devenir un monstre.
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